Biographie

 

Petite dernière d'une famille de quatre enfants, je suis née dans le sud de la France à Toulouse, appelée aussi «La ville rose». Son doux parfum de violettes a embaumé mon enfance. Les chants judéo-espagnols ont tenu une place prépondérante dès les premiers instants de ma vie. Ma mère me berce de sa voix pure, le soir pour m'endormir, créant un espace de lumière dans mon imaginaire. A 7 ans, j'écris mon premier poème. Déjà, la musicalité des mots me fascine…

L'univers fabuleux de la radio

Mais tout commence véritablement avec une radio de Toulouse où j'entre à l'âge de 15 ans. Pour moi qui rêve déjà de chanter, c'est comme si une porte s'ouvre. J'ai soif de découvrir le parcours des gens de la scène. En investissant l'univers radiophonique, je découvre peu à peu et avec ravissement le métier de journaliste. La radio fait émerger cette partie de moi curieuse des autres, me plonge dans un monde où la voix est reine et cela me passionne. Tendre un micro, donner la parole... Tout cela devient une habitude à laquelle je prends goût. De fil en aiguille, je me dirige naturellement vers tout ce qui touche à la culture et à l'art, tant ces aspects de la vie résonnent en moi. J'assiste à des spectacles, écoute des concerts ainsi que des opéras ou encore admire des expositions diverses afin d'en faire le compte-rendu aux auditeurs... Côtoyer les artistes est riche d'enseignements. J'ai à cœur de convier ces magiciens de la vie à raconter leurs parcours dans le cadre de ma propre émission et ce, durant sept ans. Si je les écoute avec tant de fascination, c'est parce qu'ils ont su trouver comment éclore en tant qu'artistes.

Parallèlement à mes études de Lettres et Civilisations étrangères, je prends du poil de la bête, en terme journalistique. La meilleure école de journalisme, c'est le terrain! Cela aiguise ma plume, mon sens de l'écoute et renforce mon intérêt aux autres. Cette expérience est validée par mon inscription au registre de Médias R.P. en mars 2010.

De Toulouse à Annemasse, en passant par Strasbourg

A 22 ans, je quitte la radio de Toulouse pour me marier à Strasbourg. Puis, je déménage à Annemasse où je travaille en tant que journaliste culturelle, notamment pour Le Messager. De 2002 à 2005, je suis les cours de chants proposés par l'Ecole de Musique d'Annemasse. C'est également à cette époque que j'écris mes premières chansons. Je chante d'ailleurs ces dernières, lors d'un spectacle à l'Entr'Acte, accompagnée par le pianiste lausannois Philippe Vannod.

 

Genève, le début d'une nouvelle vie

 

C'est en 2006, alors chargée de communication et rédactrice, que Genève m'accueille. J'avais pu faire la connaissance de cette belle ville, adolescente, dans le cadre d'une colonie de vacances. Le lac me charme, m'inspire et me laisse rêveuse. En mars 2010, la Tribune de Genève m'ouvre ses portes. Un grand moment pour moi! Côté chant, je travaille ma voix avec la cantatriceSophie Ellen Franck ainsi qu'avec les pianistes Pascal Salomon et Philippe Vannod.

 

 

Chanter: un moteur intergénérationnel

Lorsque je fête mes 40 ans, un déclic se produit. Mon mari me dit un soir: « Lorsque tu chantes du judéo-espagnol, cela me fait pleurer ». Quelque chose se réveille au plus profond de moi. Quelque chose de lointain et de lumineux: mes racines judéo-espagnoles et la musique qui en découle. Je sens ni plus ni moins que je peux poser mes bagages dans cette musique qui exalte des sentiments tendres qui ne demandent qu'à s'exprimer. Ma voix trouve sa lumière, son sens et ose se mettre à nue dans un répertoire familier auquel j'ai grand plaisir à me connecter. J'investis ma mémoire familiale, interroge ma mère sur sa propre enfance pour mieux comprendre dans quel contexte ces chants judéo-espagnols ont pris leur place. Je découvre la personnalité d'une femme extraordinaire: mon arrière grand-mère Esther! J'apprends qu'elle travaille dans une usine, élève seule six enfants mais trouve encore la force de chanter. Chanter est pour elle un moteur comme cela l'est pour moi. C'est elle qui transmet les chants judéo-espagnols à ma mère. Mon projet de disque né à cet instant. Je ne veux pas briser la chaîne de la transmission. S'ensuivent deux années de travail pour m'approprier le répertoire de ma mère qui se recoupe avec des chants ladinos (de Turquie). C'est à l'aide d'une cassette qu'elle m'enregistre que je peux m'imprégner des mélodies et les faire mienne tout en respectant leur authenticité.

Paco Chambi, un guitarite de talent

Par l'entremise de mon mari fortement impliqué dans ma démarche, j'ai la chance de rencontrer le guitariste Paco Chambi. Sa musique se reconnaît entre mille, comme si des gouttelettes d'eau s'étaient glissées dans les cordes de sa guitare! Il accepte de m'accompagner, touché par ma musique "qui le prend aux tripes". Nos cultures se croisent pour s'imbriquer de manière harmonieuse. "Quand j'ai découvert cette musique, j'ai tout de suite été conquis tant et si bien que j'ai passé des heures et des heures à faire des recherches, à lire, à écouter des morceaux et enfin à étudier ces mélodies pour les faire mienne", explique le guitariste dont le site dépeint l'étendu de son talent. Un artiste à découvrir d'urgence si ce n'est déjà fait.

 

Réceptivité du Label VDE-GALLO

Après une nourrissante rencontre avec Laurent Aubert, directeur des Ateliers d'Ethnomusicologie et suivant son conseil, je me tourne en octobre 2011 vers le Label VDE-GALLO qui offre une des meilleures collections des Musiques du Monde. " Le CD nous est bien parvenu, je suis en train de l'écouter. (…) C'est très joli, frais et chaleureux à la fois, et bien enregistré", précise Olivier Buttex, directeur du Label en écoutant la maquette du disque et acceptant de le distribuer.

Je vais enfin pouvoir enfin partager ces chants de manière douce et intimiste. Une façon aussi pour moi d'effleurer le lien mère-enfant mais aussi la notion de transmission. Ce désir de transmission s'est forgé lentement. De l'adolescente pleine de rêves à la femme d'aujourd'hui, 25 années se sont écoulées pour faire émerger mon univers musical intérieur. Ce temps a aussi été nécessaire pour comprendre que je ne veux pas uniquement chanter pour chanter mais le faire avec authenticité, espérant vraiment apporter ma modeste pierre en terme de mémoire. Si par ma démarche, je peux aussi inviter chacun à se connecter à ses trésors intérieurs, j'en serais très heureuse car chaque spécificité cultivée contribue à la richesse de l'Humanité.

Sylvain FournierEn juin 2015, mon second CD Fuente Nueva a vu le jour. Il raconte le Tanger des années 1930, au coeur du quartier de la Fuente Nueva (la fontaine nouvelle), là où Yaacov (mon grand-père) et Yohevet se rencontrent et s’aiment. De cette histoire d’amour naîtront plusieurs enfants, dont une fille, Clara, ma mère. "Tout au long de son enfance, Keren Esther sera bercée par les chansons judéo-espagnoles de sa mère et sa grand-mère. Des chansons qui parlent d’amour, de mariage, mais aussi de femmes abandonnées. Des chansons, dont certaines provenant de Turquie ou des Balkans, qui tissent une histoire dans laquelle Keren Esther inscrit sa filiation", écrit l'Institut Européen des Musiques Juives, label de mon CD. A mes côtés, pour m'accompagner, l'artiste et guitariste argentin Narciso Saul ainsi que le percussionniste Sylvain Fournier.

Le 28 janvier 2018, est né mon troisième album "Tango ladino, un sueño", avec la bandonéoniste Gaëlle Poirier et le guitariste Narciso Saúl qui signe tous les arrangements du disque.